Le jour de la grande bugado !
Lundi 22 Juin
Lançon, samedi 20 juin, a vécu pour quelques heures au siècle dernier avec une animation réalisée par "Les Amis du Vieux Lançon" autour du patrimoine culturel de la Provence. Autrefois, les femmes ne vivaient pas comme nous le faisons aujourd'hui. Et certaines tâches, devenues de nos jours banales et presque quotidiennes, demandaient une préparation et un investissement physique dont on doit se souvenir. Et "la bugado" ou grande lessive en faisait bien sûr partie. On comptait de nombreuses lavandières dans chaque village et celles-ci se retrouvaient autour des lavoirs avec souvent beaucoup de linge à laver. On les appelait les "bugadières".
L'eau qui coulait des fontaines et dans les lavoirs était une richesse inestimable car non courante et tellement utile pour toutes les activités du quotidien : à la maison comme aux champs. Alors on en prenait soin, on la ménageait, on l'économisait et on n'était loin du grand gaspillage organisé auquel l'on assiste de nos jours. Et quand la lessive était faite, les femmes mettaient le linge à sécher sur des cordes tendues dans les jardins, sur les places ou sur n'importe quel support de fortune, tout en devisant joyeusement sous l'oeil ravi des enfants présents dans leurs landeaux.
Une fois sec, tout ce linge n'attendait plus qu'une chose : l'estirage ou plutôt le repassage... Là non plus, aucune commodité pour les femmes de l'époque. Les fers à repasser de ce temps-là étaient en fonte et semblaient lourds et peu pratiques. On devait les chauffer au péalable pour que la semelle glisse et repasse facilement les tissus épais d'antan. Un travail long et pénible qu'on ne peut plus vraiment s'imaginer quand on fait glisser sur les textiles modernes nos centrales à repasser munies de vapeur et de réglages en tous genres !
Mais la vie était ainsi rythmée par les activités de la maison au gré des saisons. Bien à l'abri des épais murs de pierres et des lourdes portes de bois sculpté quand l'hiver faisait siffler le vent mauvais dans les ruelles étroites. Ou bien, dans l'ombre généreuse d'un arbre dans ces mêmes ruelles devenues si plaisantes en plein été quand le soleil brûlait tout sur son passage.
Une vie tranquille loin des bruits et de la pollution que nous provoquons chaque jour avec nos voitures et nos usines, nos besoins et nos envies. Une vie au contact de la nature et qui savait la respecter. Une calèche attelée d'un joli cheval pour se déplacer aux alentours. Sous le regard bienveillant du château qui semblait surveiller le village et le protéger... Au son du campanile de l'église qui égrenait ses heures comme pour mieux profiter du temps. Une ambiance que je retrouve toujours avec grand plaisir, quand l'occasion de replonger dans le temps, lors d'une animation, me le permet. Et d'ailleurs, autrefois, le lundi était souvent le jour de la grande "bugado" !