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5 octobre 2014

Journée des enseignants...

Dimanche 5 Octobre

ete 2014 1257
Un dimanche mi-figue, mi-raisin... un peu plus automnal que prévu... le ciel hésite, le soleil cherche à filtrer entre les nuages mais il a bien du mal à s'imposer ! Aujourd'hui, c'est une journée consacrée à la famille ! Fête des grands-pères, fête (anticipée d'un jour ) pour Bruno et mes deux fils réunis autour de la table à midi... Un petit moment bonheur pour moi ! Car cela n'était pas arrivé depuis le début Août... En plus, ce 5 Octobre est la Journée Mondiale des enseignantes et des enseignants... Depuis 1981, je suis en poste et je crois qu'avec le recul, j'ai toujours voulu faire de job ! Quand j'ai commencé, j'avais tout juste 22 ans, une maîtrise en poche et un trac fou ! Je me suis retrouvée sur un remplacement dans une grande cité scolaire en Bourgogne... J'avais des élèves qui allaient de la 4° à la 1° et certains n'avaient que quelques années de moins que moi. Un souvenir qui est resté gravé en moi que ce premier contact avec un groupe de jeunes... Plutôt convaincant d'ailleurs puisque j'ai continué d'abord comme maître-auxiliaire puis comme professeur certifiée ! Enseigner, c'est plus qu'un métier... Je pense que c'est une véritable vocation car cela demande beaucoup d'implication et de sacrifices à certains moments. Bien sûr, certains vous diront que l'enseignant passe sa vie en vacances et que ses horaires sont "light" ! Evidemment qu'on a des vacances sans lesquelles on ne pourrait pas tenir le rythme... Car 28 élèves ( ou plus ... )  à gérer en permanence ça n'est pas de tout repos quand on sait que la plupart des parents ont déjà bien du mal avec un ou deux ados à la maison... Mais avec le temps, on se blinde contre certaines choses et ça aide. Bien sûr, les heures passées face à la classe sont moins importantes que dans les autres professions mais c'est sans compter les heures de préparations et de corrections qui empiêtent sur les week-ends et le temps libre sans limite... Pourtant, aider les jeunes à s'affirmer peu à peu pour devenir de jeunes adultes responsables, leur inculquer les bases élémentaires pour en faire des citoyens capables de réfléchir par eux-mêmes sans se laisser influencer ou bien leur donner envie de se battre pour que le monde de demain soit encore meilleur que celui d'aujourd'hui... ce sont des objectifs motivants pour lesquels on a encore envie de se battre trente ans plus tard... Et c'est notre fil rouge ! Celui qui donne envie de se lever le matin pour aller "dispenser la bonne parole" autour de soi... Et d'ailleurs, il est grand temps que j'aille terminer les quelques copies que j'ai abandonnées ce matin et que je vais rendre mardi ! Bonne soirée à tous les enseignants qui me liront... et à tous les autres ! Je vous laisse avec quelques lignes du roman "Une si belle école" de l'excellent Christian Signol pour vivre les premières émotions d'une toute nouvelle enseignante... L'arrivée dans un lieu inconnu, la découverte d'un univers nouveau, de personnes nouvelles avec lesquelles on va partager des heures et des jours... les espoirs et les craintes !

Extrait "Un si belle école" 

Comment aurais-je oublié cette route étroite qui montait, qui montait, n'en finissait pas de grimper entre des arbres immenses, d'un vert que l'automne ternissait déjà ? Ils semblaient empêcher le car de se frayer un passage entre eux, me donnant l'impression que je n'arriverais jamais à cette destination que j'avais tant espérée, imaginée des centaines de fois : mon premier poste de maîtresse d'école. Un rêve, un espoir enfin réalisés après
beaucoup d'efforts, de persévérance et de volonté. Le combat avait été rude, pour moi qui suis née dans une maison sans livres et qui, cependant, les aime tant. Comme la vie est étrange et belle et grande ! Et combien de surprises elle nous réserve,pour peu qu'on lui fasse confiance ! 

Qu'il a été rude, ce chemin semé d'embûches, de moments de découragement, de sursauts, puis la victoire, enfin, après l'École normale ! C'est à tout cela que je songeais dans le vieux car bringuebalant qui paraissait ne pas avancer le long de cette côte qui n'en finissait pas, en direction du village où j'avais été nommée institutrice remplaçante : Ségalières, un
hameau perché à huit cents mètres d'altitude entre les vertes vallées du Lot et les monts d'Auvergne, sur les hautes collines qu'on appelait le Ségala. 

Ne sachant que faire et à qui m'adresser, je m'assis sur une haute pierre qui devait servir de montoir pour les chevaux, face au monument aux morts où j'aperçus des noms qui me parurent bien nombreux pour un si petit hameau, et désert, de surcroît, à une heure où il n'aurait pas dû l'être. Ce qui me serrait le coeur, surtout, c'était l'absence d'enfants. Où se trouvaient-ils donc, mes futurs élèves ? Existaient-ils vraiment ? Et l'école ? Y avait-il seulement une école dans ce hameau ? Ne m'étais-je pas trompée de lieu ? Je me décidai à faire quelques pas sur la route étroite qui s'éloignait sur la gauche de la principale et c'est alors que je la découvris : une école, une vraie, toute petite, avec un étage et un fronton triangulaire où était inscrit « République française », les portes du bas encadrées de briques rouges, dont celle qui semblait mener à l'étage, à droite de la salle de classe,  classe unique, bien sûr, comment eût-il pu en être autrement dans cette enclave au milieu des bois ?

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